Oh non pas elle ! [Séraphine E. Mistaken]

18 Septembre 2021

Lola monta les marches de l'escalier toute guillerette. Aujourd'hui était un samedi, et cela signifiait pas de cours, et en plus elle n'avait presque pas de devoirs ! Cela signifiait qu'elle aurait du temps pour voler, et qui sait, peut être pour aller observer brièvement les garçons dans leurs vestiaires... Secouant la tête pour chasse les idées qui lui étaient venues en tête, la jeune fille fit crasuer ses poignets d'un air impatient.
Mais la véritable raison de son apparente gaïeté était autre chose. Elle venait en effet de recevoir une lettre de sa mère l'informant de la destination pour les prochaines vacances, qui n'était autre que l'Australie ! A la pensée de ce pays si lointain et si fascinant, rempli de kangourous et de crocodiles, la brune sourit encore plus.

Elle rêvait d'aller en Australie depuis que sa mère y était allé elle-même dans le cadre de son travail et qu'elle lui avait rapporté des photos et une multitudes de souvenirs. Réprimant un grand cri de joie qui aurait résonné dans tout le château, la jeune fille s'aperçut que ses pas l'avaient dirigé de manière inconsciente vers le troisième étage. La Gryffondor n'aimait pas trop traîner ici. Il n'y avait aucune salle de cours, certes, mais c'était le couloir réservé aux appartement des professeurs et au vu des agissements de Lola, mieux valait éviter pour elle de rester ici trop longtemps. Bien sûr, elle ne faisait rien de mal et était seule, donc ne risquait pas de faire une bêtise, mais ses nombreuses années passées ici lui avaient appris qu'elle avait la fâcheuse manie de retrouver fourré dans le pétrin contre son gré.

Accélérant le pas, elle longea la longue file d'armure, essayant d'éviter de les suivre du regard. Elle ne savait pas pourquoi, mais cela l'avait toujours mis mal à l'aise. Ces hautes statures semblaient la menacer de leur visière de fer et Lola ne supportait pas cette sensation. De plus, elle ne comptait plus le nombre de fois que des esprits frappeurs s'étaient caché dedans afin de surprendre des élèves qui auraient la malchance de passer par là.

Lola ne se et ne s'était jamais considéré comme malchanceuse. Pour elle, la vie l'avait suffisamment gâté comme ça pour qu'elle se plaigne de quoique ça. Elle était en bonne santé, avait une famille aimante et des amies sympas. Que demander de plus ? La réponse à sa question rhétorique lui apparut bientôt lorsqu'un bruit de ferraille lui indiqua qu'elle n'était pas seule et que l'autre élève venait de trébucher ou de frapper contre une des armures.
S'approchant un peu plus de l'endroit d'où venait le bruit, Lola afficha un air profondément ennuyé et maussade lorsqu'elle découvrit qui se tenait là : Séraphine Mistaken.

Ne pouvait-elle pas avoir un seul moment de répit ? Ne pouvait-elle pas simplement savourer un peu de répit avant une autre dispute ? Pas que Lola n'aimait pas se disputer. Au contraire c'était une de ses principales activités, surtout lorsqu'elle se retrouvait en présence de cette vipère, mais il fallait bien avouer qu'aujourd'hui, elle aurait préférer rêver tranquillement de l'Australie sans être dérangée.
Elle et Séraphine ne pouvaient se supporter depuis au moins deux ans. Auparavant, la Serpentard était juste une élève qu'elle connaissait de vue et de réputation mais à qui elle n'avait jamais parlé et dont elle se fichait complètement. Bien sûr, cela avait changé lorsque la Serpent avait décidé de s'en prendre à elle, et de manière plutôt sadique.

En quatrième année, Lol avait eut un petit coup de coeur sur un garçon de Poufsouffle en cinquième année. Mignon et gentil, ils s'étaient parlé quelque fois et elle s'imaginait déjà en sa compagnie. La plupart des autres élèves soupçonnait une vague attirance, et la plupart de ses amies l'avait persuadée des sentiments qu'il avait à son égard. Mais le lendemain elle avait appris que ce dernier sortait désormais avec Séraphine Mistaken. Il s'était fait ensuite jeté quelques jours plus tard, ce dont Lola s'était à la fois félicité et ce qui l'avait aussi rendu furieuse. Non seulement elle séduisait son coup de coeur en quelques instants, mais elle le jetait ensuite comme un mouchoir usagé, l'air de dire : " Tiens je me suis mouché dedans, à ton tour ".
Lola, blessée dans son orgueil, l'avait provoquée dans un couloir. Cela avait tournée en dispute, puis en duel, et toute cette histoire avait fini en retenue. La première d'une longue série pour les deux jeunes filles....`

Revenant au temps présent, la brune fit craquer ses poignets en un geste impatient et s'exclama d'un air rageur :

- T'as fini de te défouler sur cette armure Mistaken, histoire que tu bouges un peu de mon chemin ?

Elle ne comptait plus les hommes qui avaient fini dans ses draps, ou dans les draps desquels elle avait fini. D'âges et de personnalités diverses, ils avaient tous une serrure mentale protégeant leurs désirs et leurs secrets. La spécialité de Séraphine, au fur et à mesure des années qui s'écoulaient, était de découvrir quelle clef était la meilleure pour réussir à défaire le verrou et à pousser la porte. Et une fois le palier franchi, la victoire était sienne, l'homme lui était livré, jusqu'à ce qu'elle s'en lasse et ne l'abandonne.
Il y avait eu Jordan, 18 ans au moment de leur rencontre. L'un des garçons les plus simples à faire tomber, puisqu'il avait suffi qu'elle semble s'intéresser à lui pour qu'il tombe. Il y avait aussi eu Clyde, 23 ans, qui datait d'avril dernier ; plus coriace, il n'avait cédé que grâce à l'audace toute particulière dont elle avait pu faire preuve.
Tenir les hommes dans sa main avait sans doute été un moyen pour elle de se sentir libérée du courroux de l'un d'eux, qui l'avait brimée pendant plusieurs longues années. Avouez qu'il est quand même triste qu'une jeune fille de son âge ait ainsi raisonné pendant des mois, qu'elle ait eu le temps que ces mois deviennent années, ignorante de l'amour et de ses bienfaits. Une jeune femme qui ne connaissait rien d'un univers qu'elle rejetait.
C'est dans ces circonstances qu'elle avait pris plaisir à briser les coeurs, mettre à genoux les faibles, soumettre les âmes. À quoi bon alors vouloir se donner entièrement à quelqu'un qui ne saurait que faire du mal en retour ?
Un état d'esprit bien inhabituel chez une adolescente, un état d'esprit qu'un homme seul était parvenu à rompre. N'incarnait-il pas à lui seul tout ce qu'elle pensait absent de l'âme d'un mâle ? Sa spontanéité, son indicible insouciance, son esprit, sa réactivité, tant de choses qui l'avaient surprise autant que combler. Loin des jeunes fous qui tombaient dans sa toile, loin des adolescents avides de chair, il l'avait faite danser, encore et encore, au doux rythme du coeur, et la faisait tournoyer encore de son absence.
Un doux manque, une délicate torture de laquelle elle serait libérée dans une semaine. Encore une semaine d'attente, avant de voir les chaines tomber pour que son corps puisse à nouveau se lier, exprimant dans l'absence de mots bien plus que les termes les plus justes ne pourraient formuler.

Clang !
Ouch.
À force de tournoyer, ennivrée par ses pensées, Séraphine a fini par heurter une armure de la galerie où elle s'était isolée. Hmpf. Son état d'esprit nourri d'allégresse s'évanouit, et le lunatisme menstruel reprend le dessus ; fini l'humeur tendre et les pensées affectueuses, place aux grognements mécontents suintant d'une protestation tout à fait légitime.
Grmbl.
Elle masse le genou qui a eu la bonne idée de se perdre contre le métal, remet sa chevelure d'or – non, elle n'a toujours pas trouvé comment revenir à ses boucles d'ébène habituelles – en place avec délicatesse, tourne les talons et...
Est dérangée par une voix discordante, venu troubler le calme silencieux qui la protégeait jusqu'à lors des agressions. Bon, fini les rêveries, les pas de danse improvisés, l'air paisiblement serein peint sur son visage. L'humeur tendre s'en était déjà allée, et à peine a-t-elle identifier la voix que Séraphine ferme totalement toute expression de son visage, imperméable aux émotions et débordant d'indifférence.
Que disait-elle, déjà ?
Ah oui. Bouger de son chemin. Évidemment, l'esprit de contradiction de la Serpentard la poussera à ne pas se déplacer d'un millimètre. Ce n'était pas tant de la provocation qu'une façon d'affirmer sa domination sur cette sixième année qui ne valait guère plus qu'un véracrasse et ne méritait pas une seule seconde qu'elle lui fasse l'honneur de répondre.
Les yeux noisettes se lèvent un quart de millième de seconde sur Lola, puis font mine de ne pas l'avoir notée. L'écossaise refuse d'accorder plus d'attention à cette Gryffondor énervée, toute chamboulée qu'elle est par cette période mensuelle délicate pour toute femme et les hormones qui l'accompagnent. Elle est plus encline à réagir par la violence, mais sa fierté est la plus forte.
Hors de question de céder le plus petit pouce de terrain.
Laissons donc mademoiselle l'énervée parler à un mur d'indifférence. Et voyons si elle aura le courage d'insister, ou l'intelligence de la laisser tranquille. Il faut dire que la réputation de Séraphine n'était plus à faire et que, malgré ses talents en matière de magie, elle savait aussi agir sournoisement et frapper là où la douleur serait la plus vive... Au moment où on l'attendrait le moins. Même une victoire en duel face à elle n'en était pas une.

Mais loin sont ces considérations pour le moment.
Miss Mistaken n'aspire, comme souvent, qu'à la tranquilité. À l'isolement. Loin de ses congénères, elle se sent plus à l'aise, sa supériorité en intelligence et en maturité – et surtout en modestie – l'empêchant d'apprécier leur compagnie.
Lola ne faisait pas exception à la règle. À voir si elle comprendrait, cette sotte, qu'elle n'éveillait aucun intérêt chez sa camarade, et qu'il valait mieux pour elle de fuir.

Mais la Serpentard ne semblait pas avoir l'intelligence requise pour comprendre ses paroles car cette dernière ne bougea pas, se contenant de la regarder brièvement avant de l'ignorer royalement. Lola ricana d'un air amer : ainsi c'est comme ça qu'elle se la jouait ? Mademoiselle-je-suis-trop-bien-pour-les-autres ? Lola grimaça, encore plus en rogne. Qu'elle tombe sur cette petite garce suffisait pour la rendre rageuse, alors qu'elle l'ignore empirait encore la situation ! Si Mistaken pensait qu'elle serait la première à baisser les bras, elle se trompait sur tout la ligne. Si un trait de caractère caractérisait bien Lola : c'était l'entêtement, sans compter l'orgueil. Elle ne lui ferait pas ce plaisir de s'écraser devant elle, oh non ça elle pouvait le promettre !

C'était incroyable le pouvoir qu'avait cette vipère de l'enrager aussi facilement. Lola savait bien qu'elle aurait pu tranquillement passer son chemin et rejoindre sa salle commune bien douillette, mais son orgueil lui ordonnait de rester là, quitte à y passer tout l'après-midi. Pendant que Lola réfléchissait, Mistaken n'avait pas bougé d'un pouce, et semblait d'ailleurs prête à rester là des heures également. La brune soupira et, tentant de rompre le silence qui s'était installé, elle s'exclama :

- J'ai pas l'intention de bouger tu sais ! Peu importe si on y passe tout l'après-midi...

La situation aurait parut complètement hallucinante pour quelqu'un qui serait passé par là, mais elle avait un sens pour les deux jeune filles : ne pas céder devant l'autre, une des premières phrases à respecter. Malgré tout ça, la Gryffondor commençait à trouver le temps long, et la situation quelque peu idiote : elle n'allait pas gâcher son après-midi à poser devant uns statue, alors qu'elle pourrait tranquillement être en train de jouer au Quidditch ! De plus, elle avait prévu d'essayer la feinte de Wronski et, même si elle doutait qu'elle y arriverait du premier coup, cette perspective la réjouissait considérablement. Mais non. Elle était coincé ici, devant une pauvre armure, à attendre que son interlocutrice ( ce n'en était pas vraiment une, compte tenu du fait qu'elle ne parlait pas ) bouge la première. Lola soupira, avant d'essayer de débloquer la situation :

- Tu vas pas jouer à l'idiote comme ça ! Tu as juste à bouger, me laisser passer, et on est toutes les deux libérées de notre présence respective.

Bien qu'elle adoptait un ton calme, la jeune fille sentait son corps s'échauffait : si vraiment la Serpentad ne bougeait pas, elles allaient devoir dégainer leurs baguettes...

Rester immobile pour l'empêcher de passer ?
Oh non, cela serait donner bien trop d'importance à cette crevette insignifiante. Non, Séraphine ne joue absolument pas à ce jeu-là. Son attention s'est brusquement portée sur un détail de l'armure, vers la visière, différente des autres, vers laquelle elle tend la main. Ses doigts superbement manucurés l'effleurent, une de ses paupières se plissent de façon quasi-imperceptible.
Lola ? Disparue. Dans les méandres de l'indifférence. La serpentard s'attache à une toute autre source de distraction. Comment elle, aussi brillante, aussi intelligente, aussi observatrice – aussi modeste, une fois encore – avait-elle pu passer à côté d'une telle irrégularité ? Curieuse, elle soulève la visière d'un geste précautionneux. Le bourdonnement de la voix de la Gryffondor lui parvient à peine, et son esprit refuse clairement d'y prêter attention, de décrypter les mots en sens, et de le faire parvenir jusqu'à ses neurones pour en faire un message sensé. Qu'importe, qu'importe, qu'importe.
De sa petite taille, l'adolescente se hisse sur la pointe des pieds, de façon à pouvoir espérer voir quelque chose à l'intérieur de cette armure si inhabituelle.
Rien.
Hm.
Un nouveau bourdonnement à peine dérangeant parvient à son attention. Séraphine tourne lentement ses yeux sur Lola, et seule la surprise vient marquer, l'espace d'une fugace seconde, l'expression de ses traits. Et enfin ses lèvres se délient, chargées d'un mépris qu'elle ne retient pas plus longtemps :

« Tiens, t'es encore là toi? » lâche-t-elle dans ce dédain qu'on lui reconnaît volontiers, seule brisure contre sa vitre de l'indifférence. Elle hausse les épaules et se détourne à nouveau, anticipant une réponse de Lola en la coupant avant même qu'elle n'ait eu le temps de répliquer. « Ferme la. Même ton niveau d'intelligence est capable de te faire comprendre que quelque chose cloche. »
Cette fois, le ton est beaucoup plus sec. Séraphine se place en position de supériorité, presque de domination. Elle ordonne plus qu'elle ne propose, avant de reculer d'un pas. Cela ne risquait-il pas de protéger Lola ? Elle n'y pense pas. Elle ne déteste pas Lola ; pas plus qu'elle ne l'apprécie. Elle est pour notre protagoniste de ces nombreuses âmes sur Terre qui ne mérite ni son attention, ni sa langue de vipère. Elle ne mérite même pas qu'elle l'écrase sous les talons hauts de ses chaussures.
Hmpf.
D'un geste souple, l'écossaise fait apparaître sa baguette magique ; elle ne pointe pas sa camarade – qui ne valait pas la peine qu'elle gaspille un sort – mais bien l'armure qui, selon elle, source de danger. Son corps se tend lentement, ses lèvres se pincent ; les poils de ses bras, les cheveux sur sa nuque se dressent, dans un frisson d'une angoisse qu'elle ne connait que trop bien.
Et enfin le bras de l'armure se lève. D'un bond, voici la jeune fille qui recule, prête à dresser un bouclier entre elle et la menace. Ladite menace émet un grincement métallique qui n'a rien de rassurant, et la visière se tourne vers Lola, puis vers la Serpentard, comme si l'objet était soudainement doué de volonté et tentait de choisir entre la meilleure cible. Puis finalement, elle tranche dans le dilemme et ses mains s'approchent de la Serpentard, paumes largement ouvertes. De cette petite anguille qui se faufile souplement pour échapper à la créature qui se tourne alors vers Lola, certainement dans le but de s'en prendre à elle également. D'une gifle de fer, ou bien d'une attaque autre, allez savoir.
Ce n'était pas le problème de l'écossaise, qui se détourne déjà pour fuir sans demander son reste...
Et aperçoit une chevelure brune et bouclée, aussi épaisse que mal coiffée, qui déjà tourne à l'angle du couloir. Mais trop tard : Séraphine a reconnu l'instigatrice de cette vilaine métamorphose.

« Nott, espèce de sombral dégénéré ! » râle-t-elle avec une puissance de voix certaine, dont les décibels sauront heurter les délicates oreilles de Lola. « Oh, cette sale morue, cette sale pute borgne, cette... Oooh, je vais la buter. » grommelle la jeune fille entre ses dents, avec cette haine qu'elle n'avait pas montrée jusqu'ici, du moins pas à l'encontre de Miss Turner. Loin de l'indifférence, elle ne feint même pas l'ignorance de cette adversaire qu'elle excècre totalement.
Et déjà, en son âme, ce désir de vengeance.
Cette colère, venin noir qui s'instille dans ses veines.
Et elle se tourne vers Lola, et l'armure – encore debout ou non – qui étaient derrière elle.
« Et toi, le troll attardé, tu fous quoi encore là ? » grogne-t-elle avec hargne.

[HRP : intervention PNJ d'Esther, faite avec l'accord de cette dernière. Si ton perso utilise un sort, n'hésite pas à lancer les dés pour savoir sa réussite (comme en DCFM, niveau en DCFM + résultat des dés) ]