The Sorcerers' Tales
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Plumes, larmes et cendres

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Abbigaël M. Doherty

Messages : 33

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Abbigaël M. Doherty
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MessageSujet: Plumes, larmes et cendres Plumes, larmes et cendres EmptyDim 13 Jan - 20:42
Plumes, larmes et cendres 27ya88w
Plumes, larmes et cendres
Londres, 24 décembre 2019


« Yes, I am prepared to stay alive and I won’t forgive, vengeance is mine, and I won’t give in because I choose to thrive »


Abbigaël réajusta la guirlande que Snow White, sa petite chouette un peu folâtre, avait accidentellement fait à moitié tomber du sapin ; elle était entrée comme une furie quelques secondes plus tôt par la fenêtre entrouverte, et avait mal calculé sa trajectoire. A grand renfort de plumes et de petits cris indignés, elle avait attendu que sa maîtresse vienne la déloger d’entre les épines, assez intelligente pour savoir que se débattre toute seule abimerait plus que de nécessaire son plumage. Cela avait cependant suffit pour faire tomber deux ou trois jolies boules de noël qui étaient venus s’écraser contre le parquet du salon ; évidemment il avait fallu que ce soient les plus fragiles… La jeune femme avait donc aidé l’oiseau à se sortir de cette fâcheuse situation – tout en la sermonnant gentiment, parce que quand même, les boules en verre, ça coutait cher – et l’avait tendrement déposée sur son nichoir après avoir vérifié qu’elle n’était pas blessée. Snow White n’arrêtait cependant pas de piailler, et Abbigaël en avait trouvé la raison : par terre, au pied du sapin, gisait une enveloppe que l’animal avait sans doute lâchée juste avant sa collision avec l’arbre qui ne lui avait rien demandé. C’était sûrement une lettre de son père, car c’est chez lui qu’elle avait, la veille, envoyé la petite chouette. Elle s’était baissée, l’avait ramassée et l’avait enfin ouverte pour y découvrir une lettre dont l’écriture légèrement penchée et familière la fit sourire. Son père lui souhaitait un joyeux Noël « en compagnie de [s]es amis et tant pis pour la famille ».

La jeune femme réfléchissait justement à cette dernière phrase tendit qu’elle remettait la guirlande en place. Puis elle attrapa sa baguette et fit disparaître les débris de verre au pied du sapin - non sans avoir comme marqué un temps d’arrêt en regardant les morceaux ainsi éparpillés -, pour finalement prononcer un accio et ouvrir la grande boîte qui se présenta alors à elle. Elle farfouilla rapidement et y dénicha trois nouvelles boules qu’elle s’empressa d’accrocher à la place exacte des précédentes défuntes. Elle recula de quelques pas pour admirer le résultat et, satisfaite, alla dresser la table. Un « biiip » retentit et Abbigaël se jeta sur le four sophistiqué dans lequel continuait à cuir le chapon qu’elle avait elle-même choisi deux semaines plus tôt dans la petite ferme moldu loin du centre ville. La viande était parfaitement cuite, et la jeune femme salua cette merveille technologique qu’était un four ; la magie ne pouvait pas tout faire. Elle laissa le chapon au chaud, et se dirigea vers le frigo duquel elle sortit une assiette recouverte de petits toasts de foie gras ainsi qu’une bouteille de champagne qu’elle avait payée au prix fort. Elle installa le tout sur la table et se servit de l’alcool pétillant couleur or qui dansait littéralement dans sa bouteille. Mais le goût du champagne lui déplut, et plus encore celui des toasts ; ils n’avaient aucune saveur.

Elle avait menti à son père : aucun de ses amis ne viendrait, car elle ne le souhaitait pas, et surtout ne les avait pas invités. A vrai dire, ce Noël était une grande farce qu’elle se faisait à elle-même ; Nioclàs parti, à quoi bon déguster même la meilleure bouteille de Londres quand tout prenait un goût de cendre sur son palais ? Le chapon serait logé à la même enseigne ; boisson et nourriture n’avaient plus aucun intérêt depuis ces derniers mois. Plus rien n’avait d’intérêt à vrai dire. Les jours passaient, se ressemblaient, pire, s’éternisaient. Elle n’aurait jamais pensé que les poils de barbe (ou d’autre chose, il fallait être honnête) dans le lavabo lui manqueraient. Elle n’aurait jamais cru que cet appartement, cet appartement qu’elle avait elle-même choisi cinq ans plus tôt sans demander l’avis à son partenaire parce qu’elle avait vraiment eu un coup de cœur, serait aussi peu accueillant le soir une fois rentrée du ministère. Plus de voix grave le matin pour la réveiller, plus de présence rassurante. Plus de Nioclàs.

A cette pensée si persistante, à ce manque si impérieux, elle agita sa baguette magique. Un faible nuage argenté apparut et alla mourir quelques mètres plus loin. Snow White poussa un hululement alarmé, et ce fut à ce moment là qu’Abby fondit en larmes. De grosses larmes salées coulèrent en cascade sur ses joues, roulèrent jusqu’à son menton et s’écrasèrent une à une sur la nappe pourpre de la table. Elle pleura longuement et bruyamment comme jamais elle n’avait encore pleuré. Le poids soudain de la chouette sur son épaule la fit à peine tressaillir, mais les pleurs se firent plus silencieux lorsque l’animal lui mordilla tendrement l’oreille, alarmé par une telle manifestation de détresse de la part de sa maîtresse. La jeune femme tourna vers l’oiseau des yeux rouges et gonflés de larmes, puis attrapa l’un des bouts de gui qu’elle avait auparavant dispersés sur la table et le jeta rageusement de toutes ses forces au hasard. La chouette poussa un petit cri de surprise et s’envola loin de cet élan brutal et soudain pour retourner à son perchoir et observer silencieusement la suite des événements.

Abbigaël se leva brusquement, faisant crisser la chaise sur le parquet, et tira hargneusement sur la nappe ; la vaisselle vint s’écraser au sol dans un vacarme que la jeune femme ignora. Puis elle enjamba les morceaux gisants pour se tourner vers le sapin - au pied duquel ne reposait aucun cadeau – et elle lui fit subir le même sort que la nappe : elle le renversa, et toutes les décorations avec. Les larmes ne coulaient plus sur son visage, ne troublaient plus sa vue. Ses lèvres n’étaient plus déchirées par la grimace de la pure tristesse, mais à présent par celle de la pure détermination. Elle se dirigea enfin vers la fenêtre par laquelle Snow White était entrée, l’ouvrit, s’y pencha, et hurla à s’en décrocher un poumon :

« M.E.R.D.E ! »

Puis elle referma le tout dans un calme olympien qui lui seyait bien mieux, fit disparaître sapin, décorations brisées, nappe, champagne sur le parquet, nourriture et vaisselle d’un coup maîtrisé de baguette magique. Elle éteignit ensuite les lumières et alla se coucher.

Pendant ce temps là, Snow White fut attirée par un morceau de boule de Noël qui avait réussi à échapper à l’impitoyable ménage de sa maîtresse. Elle le tâta de quelques coups de bec maladroits qui l’envoyèrent glisser sous le canapé. C’était un morceau de verre transparent, fendu en son milieu, sur lequel on pouvait encore lire un mot :
LOVE.



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