Inondation | Emilia ~

Un matin comme un autre, entre deux heures de cours. C'est la récréation, et il est temps pour les élèves de profiter de leur pause. Mais avançons nous un peu dans l'école. Venons au deuxième étage, où on aperçoit l'uniforme de la maison Serpentard sur le dos d'une jeune fille, jupe et collants noirs, les longs cheveux noirs et bouclés coulant de ses épaules.

« Ta gueule, putain, ferme ta putain de gueule Mimi ! »

La voix, sèche, claque dans les toilettes des filles du deuxième étage. À qui appartient-elle ? Miss Mistaken, évidemment, septième année de Serpentard, qui visiblement pète littéralement un plomb sur le fantôme qui hante les dites toilettes. Pauvre Mimi, ainsi martyrisée par cette élève qui s'exaspérait de la voir ainsi chouiner pour un oui ou pour un non.
Mardi matin. Et elle n'en pouvait déjà plus de cette école de dingues. Où était passé le calme de l'Irlande, le bruit de la mer, l'odeur des chardons et des trèfles ? Pff, et elle devait supporter cette folle de spectre qui pleurait dans les toilettes, menaçant de provoquer une nouvelle inondation dans les couloirs de l'étage. Mais elle ne laisserait pas une telle chose arriver, certainement pas. Parce qu'il y en avait marre de revenir trempée dès lors qu'elle avait une envie pressante et qu'elle n'avait pas le temps d'aller aux toilettes d'un autre étage.
Bordel.
Vie de merde.
Et voici comment une petite écossaise se retrouve à râler sur un fantôme, les poings sur les hanches, le sac de cours sur le sol. Et pour le coup, le spectre laisse son visage se décomposer, après une seconde d'hésitation, où elle est restée là, interdite face à une telle explosion. Et puis elle grimace, et hurle de plus belle, vrillant les tympans de l'adolescente qui pince les lèvres, et enfin disparaît dans les canalisations.
Et devinez quoi ? Les canalisations explosent sur le coup et l'inondation se propage. Bien. À défaut d'avoir évité le débordement d'eau, elle avait au moins pu se défouler sur Mimi et lui faire savoir, vulgairement certes, ce qu'elle en pensait.

Grommelant tout ce qu'elle pouvait, la Serpentard se baisse, attrape son sac, se détourne, tourne les talons et... Ses yeux se posent sur une petite jeune fille, de deuxième année sans doute, qui se tenait là, à l'observer. Pinçant un peu plus le lèvres en levant le menton dans une attitude affirmant clairement sa supériorité, elle la jauge d'un regard méprisant au possible, visiblement contrariée d'avoir de la compagnie.
So what?
Avait-elle un problème avec la façon dont elle venait de traiter le fantôme ? L'accusait-elle implicitement d'être responsable de l'eau qui commençait à envahir les lieux, prompte à s'infiltrer dans les chaussures ? Séraphine fronce les sourcils et laisse sa voix claquer dans l'air une nouvelle fois.

« Quoi ? Tu as un problème, la gosse? »
Hors de mon chemin, semblait-elle être sur le point d'ajouter sans le faire toutefois. Elle contourne l'enfant sans un mot de plus, et poursuit sa route jusqu'à un lavabo pour s'y laver les mains, en silence. Elle ne s'intéresse guère plus à la gamine qui s'est mise sur sa route, ni à ce qu'elle peut penser de la situation. Cela la concernait-elle, finalement ?