The Sorcerers' Tales
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Noël religieux

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Séraphine E. Mistaken

Messages : 532

Rappeltou
Statut de Sang : Née Moldu
Baguette: Bois de cerisier, ventricule de coeur de dragon, 27,5 cm, très souple.

Noël religieux  Empty
Séraphine E. Mistaken
Serpentard

MessageSujet: Noël religieux Noël religieux  EmptyDim 23 Déc - 13:29
24 Décembre 2013

« Tiens toi bien, Séraphine ! Comment veux-tu que je te coiffe, si tu n'arrêtes pas de bouger ? »
La fillette grogne quelque chose alors que sa mère tire sur ses bouclettes brunes et essaie de dompter l'adorable crinière ruisselant sur ses épaules. Mais la petite fille a l'esprit ailleurs. Dehors, les flocons de neige tourbillonnent au gré du vent du nord, s'envolent vers une liberté à laquelle elle goûterait volontiers. Mais non, elle était privée de sortie. Du haut de ses neuf ans, elle avait encore fait parler d'elle à l'école, juste avant les vacances. Une histoire floue, mais la maîtresse avait convoqué ses parents pour leur parler du comportement turbulent de leur progéniture, ce qu'ils ne comprenaient pas, étant donné que le jeune frère était tout le contraire, d'un calme étonnant et d'une discipline modèle.
Il faut dire que l'histoire était floue pour tout le monde, et que la petite écossaise n'avait pas tout compris elle-même.
Il y avait eu ce pot de colle de Keith, qui s'était ramené à l'école avec une branche de gui et, après l'avoir placé de manière très stratégique, avait attendu dessous qu'une fille passe. Manque de chance, n'est-ce pas, puisque c'est la petite Séraphine qui était passée dessous en premier. Mais elle n'avait aucune envie d'embrasse cette limace de Keith, et avait voulu se défaire avec sa véhémence habituelle.
Et puis, sans qu'elle ne comprenne vraiment, tout s'était chamboulé : le gui avait pris feu, et était tombé de sa fragile accroche. Le garçon avait eu la chance de l'éviter de justesse, mais avait hurlé de toute la force de ses poumons. Et, une fois encore, elle avait fini convoqué, alors qu'on lui intimait l'ordre de rendre le briquet ou la boite d'allumettes avec lesquels elle jouait. Et, une fois encore, elle avait du expliquer qu'elle n'en avait pas, et qu'elle ne savait pas ce qu'il s'était passé, mais qu'elle avait lu à la bibliothèque qu'il existait un truc bizarre, la combustion spontanée et...
Et ses parents avaient été convoqués. La voilà alors privée de sortie, à supporter les reproches des parents, la confession, l'église... Bref la totale.

Et en parlant d'église... Maman la préparait pour la messe de Noël à laquelle ils iraient assister cette nuit, comme tous les ans. Toute la famille Mistaken serait au rendez-vous, soyez en sûrs. À la cathédrale St Gilles, en plein centre historique d'Édimbourg.
« Aïeuh ! » proteste la gamine à qui on tire les cheveux un peu trop sèchement à son goût.
« Arrête tes caprices, veux-tu? » fait une voix sèche et masculine, entrainant immédiatement une tension totale chez la petite fille. Papa venait d'entrer dans le salon, transformé en atelier coiffure. Les lèvres de la petite se pincent, son regard se durcit, et elle affronte sans sourciller celui, plus dur encore, du patriarche, qui à aucun moment ne tolère qu'on le regarde d'une telle manière. Il s'approche, alors que la mère continue de tirer en arrière les cheveux noirs, dans l'espoir d'en faire une coiffure angélique, à base de tresses relevées en un chignon – ce qui pourrait peut-être faire illusion d'une personnalité adorable, l'espace d'une nuit. Contraste étonnant, d'ailleurs, que la petite écossaise offre alors. Ses yeux lancent des éclairs, d'un regard noir, au premier plan d'une expression hostile, alors que tout son être est enveloppé dans une belle robe blanche, symbole de la pureté que tout enfant est sensé représenter.
Tu parles.
Le bras de fer s'achève par une gifle bien placée, agrémentée d'un « Baisse les yeux. » lancé d'une voix grave et sifflante. Séraphine entend Maman grommeler quelque chose, dérangée dans son ouvrage par le geste de son époux, mais rien de plus. Quant à elle, elle se redresse fièrement et observe Nathan s'éloigner du coin de l'oeil, alors qu'une marque rouge s'étale sur son visage angélique.
Grmbl.
Elle détestait Noël.

Finalement, après de longues minutes et quelques épingles à cheveux, la petite fille peut sauter en bas de sa chaise, ronchonner contre sa tenue et aller se voir dans le miroir. Déjà très coquette, elle tourne sur elle-même, essaie d'admirer son élégance enfantine sous toutes les coutures. Et la voici qui revient vers sa mère, avec le sourire innocent de l'enfance.
« Maman, Maman, je peux me maquiller pour ce soir, s'il te plait ? Diiiiiiiiiis ? » Mais Aileen n'a pas le temps de répondre que son époux surgit à nouveau, fils sur les talons. Très élégants tous les deux, dans la tenue du dimanche comme on aurait dit dans l'ancien temps. Mais Séraphine n'a pas le temps de s'attarder sur le sujet. La silhouette menaçant de son père n'a rien de rassurant – forcément – et elle recule d'un pas, sentant d'ici l'orage arriver.
Et elle ne s'y trompe pas. Il tonne déjà, arguant qu'elle ne réclame là que des artifices vulgarisant la beauté naturelle dont chaque être avait été doté par le Seigneur et j'en passe. Tête brûlée, la petite tente de protester et d'argumenter en retour, jusqu'à voir le bras se lever.
L'instinct de conservation prend alors le dessus : elle recule précipitamment, tourne les talons, amorce la fuite, mais trop tard. La voici retenue par son maigre poignet, et tirée violemment en arrière. Elle couine de douleur, tirant de toutes ses maigres forces sur son articulation dans l'espoir de la libérer. Mais l'homme tient fermement sa prise, récoltant des plaintes plus fortes lorsque la petite sent le poignet craquer à force qu'elle tire dessus.
Aïe.
Et l'orage tonne sur sa petite tête, avant qu'elle ne soit tirée jusque dans l'entrée pour mettre ses chaussures. Maman, pendant ce temps, allume une bougie dans le salon, près de la crèche installée au pied du sapin. Une fois tout le monde enfin prêt, la petite famille sort et se met en route pour l'église.

Et, comme si le désastre n'avait pas été suffisant, tout n'ira alors que de mal en pis.
Arrivés à la cathédrale, ils font face à une foule impressionnante, comme tous les enfants. Elle entend un petit garçon ronchonner qu'il n'avait aucune envie d'aller à l'église et qu'il voulait ses cadeaux, et pince les lèvres en se disant que, n'ayant pas été sage cette année, elle n'en aurait peut-être pas. Bah... Si c'était pour avoir encore un truc tout pourri, alors qu'elle voulait avoir des malettes de maquillage et des trucs pour se faire jolie, comme les copines, mieux valait ne rien avoir.
Une poussée sur son épaule lui indique qu'il faut qu'elle avance. Grognonne, la petite fille s'exécute quand même, et suit ses parents dans la cathédrale. Il n'y a déjà plus de places assises, et la voici debout, entre son père et son frère, à écouter une messe qui ne l'intéresse pas le moins du monde.
Au bout de cinq minutes, elle bâille et commence à regarder le plafond, pour lequel elle a toujours éprouvé un intérêt tout particulier. Une tape derrière la tête la rappelle à l'ordre, et ses yeux noisette retournent se focaliser sur le discours de l'évêque. Dix minutes plus tard, elle se surprend à détailler les tenues des gens présents. Cette dame est habillée bien bizarrement, pis elle est juste super vieille, elle doit avoir au moins cent cinquante ans... Oh, un garçon qui a l'air de s'ennuyer lui aussi. Il lui fait signe de la main, et Séraphine, surprise, détourne les yeux sur autre chose dans un mouvement brusque... Qui lui vaut une seconde tape derrière la tête. Et son père se baisse, chuchotant à son oreille, les dents serrées :

« Tiens toi bien, un peu ! Montre du respect dans la maison du Seigneur ! »
Et la réplique malheureuse part toute seule...
« Ouais bah on s'fait chier dans la maison du Seigneur... »
Oh, que n'avait-elle pas dit... Et elle en a conscience car, dès que les mots ont dépassé sa pensée pour franchir ses lèvres, le visage de la petite fille devient aussi blanc que la neige qui tombe dehors. Elle lève timidement le regard, juste le temps d'apercevoir la fureur froide qui anime celui de son géniteur. Ouuuh, ça s'annonçait mal pour elle, ça...
Et la messe se poursuit, avec ennui mais surtout avec angoisse pour la fillette, qui se tripote les mains dans l'espoir que tout cela se dissipera avec les heures. En vain, bien sûr.
Le trajet du retour à la maison se fait en silence. Erwan s'extasie sur les guirlandes lumineuses qui ornent certaines maisons, mais c'est bien le seul son qui tente de franchir la palpable tension. Et une fois que la porte de l'appartement est ouverte...
Séraphine file sans demander son reste. Il n'a pas le temps de la retenir que déjà le verrou de la salle de bain s'enclenche. Et un grondement s'élève dans l'appartement. Installée dos contre la porte, elle entend son père aboyer sur Erwan pour lui ordonner d'aller se coucher, et reste attentive aux pas lourds qui le caractérise.
Et des coups violents frappent la porte, alors qu'on lui intime de sortir. La gamine reste silencieuse, la peur au ventre.
Je déteste Noël.
Mais elle ne bouge pas.
Pendant de longues heures. Déjà, au loin, les douze coups de minuit retentissent. Elle entoure son petit corps de ses bras, et bâille régulièrement. Elle est fatiguée et veut aller se coucher. Elle pourrait grimper dans son lit, superposé à celui de son frère, s'enrouler dans sa couette et...
Elle ne sait pas l'heure qu'il est quand elle se redresse. Tout est silencieux depuis un moment, Papa a du aller à se coucher. Et demain matin, ce sera Noël pour de vrai, il ne pourra pas la disputer. Forte de cette idée saugrenue et naïve, la petite fille déclenche le verrou aussi silencieusement que possible, avant de pousser la porte. La tête brune encore toute bien coiffée apparaît dans l'entrebaîllement, guette l'obscurité, avant de sortir dans le couloir, de faire un mètre ou deux...

Et de se faire attraper, une fois encore par le poignet. Après un glapissement de peur, elle tire plus que de raison, et couine en sentant l'articulation lâcher pour de bon. Il la tire près de lui, et la terreur s'empare de la petite fille qui tente de se protéger d'un bras... Chose parfaitement inutile pour le coup.
Le premier coup tombe, et elle entend la voix de son père asséner une morale quelconque mais ne l'écoute pas. Le bruit des coups sur sa chair, la douleur dans son âme, tout cela est plus important dans l'esprit de cette petite qui n'a trop rien demandé, pour le coup. Elle a certes provoqué alors qu'elle savait pertinemment ce qui allait en résulter mais...
Lorsqu'il la lâche, elle se laisse tomber par terre et se roule en boule, protégeant son visage de ses mains. Elle laisse échapper des plaintes de douleur régulièrement, jusqu'au moment où, enfin, il la redresse de force et la pousse jusque dans sa chambre, réveillant le petit frère au passage.
« Et n'oublie pas de prier le Bon Dieu avant de dormir. Qu'il ait pitié de ton âme corrompue. » intime-t-il sèchement, fermant la porte derrière eux. Le visage humide de larmes, la petite fille masse son poignet, constate qu'il forme un angle étrange, mais ne dit rien.
Elle priera tout de même ce soir là. D'une prière demandant des explications, et réclamant le pardon. Et, quelque part dans son esprit, la supplication de l'emmener ailleurs, dans une vie où elle n'aurait plus à vivre cela.
Et l'enfant s'endormira après avoir dévêti son petit corps, se glissant dans une chemise de nuit sous les rayons bienfaisant de la lune, qui éclairera cette peau claire, encore sans marque.

1943 mots

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